« J’ai devant moi une vision d’apocalypse : la terre est broyée, réduite en bouillie, et de cette bouillie émergent pêle-mêle, comme les restes d’un naufrage, des débris d’arbres, de murs, de chevaux, des sacs, des bidons, des armes, des lambeaux d’uniformes, des lambeaux de chair. C’est un chaos que la masse des obus ne cesse pas de pétrir »
Henry Bordeaux, « La bataille devant Souville » (La Renaissance du Livre, Paris, 1920)
Aujourd’hui installé en Limousin, François Lelong est originaire du Nord de la France. Une enfance passée en Artois, sur les anciens champs de bataille de la Première Guerre mondiale, aura été fondatrice d’intérêts qui nourrissent aujourd’hui sa démarche de plasticien : l’Histoire naturelle et l’archéologie. Ces territoires ne sont pas que de vastes espaces naturels, leurs terres brassées à l’explosif sont encore chargées de fragments de guerre, et le silex du bief (1) témoigne de l’occupation préhistorique des reliefs (2) : la balle y côtoie la pointe de flèche. Le projet « Fragments », ancré dans ce « Pays de ferraille et d’os » (3), se situe à l’intersection entre Histoire et histoire personnelle, et propose une poétique archéologique qui tente de relier l’épars et de recomposer le fragmenté. Le gravat métallique, les déchets et les fragments de munition collectés sur sites, ramassés en surface de labours, sont constitutifs de ses sculptures et installations.
(1) Terme géologique qui caractérise une terre à silex.
(2) François Lelong aura d’ailleurs contribué à l’inventaire archéologique local en publiant le descriptif d’un site néolithique situé sur la colline de Notre-Dame-de-Lorette (Pas-de-Calais), à proximité immédiate de la plus grande nécropole militaire française de la Première Guerre mondiale : Un établissement protohistorique sur la colline de Lorette, revue Gauheria #45, 2000
(3) Land von schroot en knoken, John Desreumaux (Davidsfonds, Leuven, Belgique, 2011)
Typologie 1Fragments de munitions et éclats d’obus - 52,5×52,5×3,5 cm - Décembre 2014
SuaireEmpreinte d’éclats d’obus traités à l’acide phosphorique sur mouchoirs du début du XXème siècle - 39×39 cm - Décembre 2014
Equus ferus caballusCrâne de cheval, colles de peau et d’os, oxydes de munitions - 16×60×22,5 cm - Décembre 2014
Equus bellicusEclats d’obus soudés - 16×60×22,5 cm - Décembre 2014
Equus bellicus & Equus ferus caballus
Sangs de ferOxydes de débris métalliques divers (outils, barbelés, grenades, obus, équipements et fragments non identifiés)
Eau de vie, eau de pluie, acides (oxalique, phosphorique et chlorhydrique)
Bouteilles anglaises ou canadiennes
Paraffine
20×60×7 cm - Décembre 2014
VanitéEclats d’obus soudés - 15×22×15 cm - Janvier 2016